Qui est Albert Schweitzer ?
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Un pacifiste intégral
Albert Schweitzer naît le 14 janvier 1875, à Kaysersberg, dans une Alsace encore allemande. Il commence une carrière universitaire, musicale et pastorale avant de terminer par un doctorat en philosophie puis en théologie. Il devient directeur d'un séminaire protestant puis démissionne de son poste, souhaitant vouer sa vie aux plus démunis. Poussé par un humanisme profond, il décide de devenir médecin. A cet effet, il entreprend des études de médecine et part en 1913, avec son épouse, en Afrique Équatoriale française, et décide de fonder l’hôpital de Lambaréné au Gabon, spécialisé dans le traitement des maladies tropicales. Mais, dès le début de la guerre, il est interné en France en tant que ressortissant allemand. Il ne reviendra en Afrique qu'en 1924, notamment pour agrandir son hôpital.
Considérant la guerre comme consécutive à la décadence de la civilisation, il tente d'établir les fondements d'un monde plus humain :
La volonté de civilisation est une volonté universelle de progrès qui est consciente que l'éthique est la valeur suprême.
Et d'ajouter :
L’homme n'est éthique que lorsque la vie en elle-même, aussi bien celle des plantes que celle des animaux, lui est sacrée, comme celle des hommes, et lorsqu'il se dévoue pour porter secours à une vie en danger... un Respect de la Vie qui recouvre les notions d'Amour, de dévouement, de partage de souffrances comme de joies et d'engagement pour le bien.
Bientôt, Schweitzer retourne en Afrique où il reconstruit son hôpital pour y soigner des centaines de lépreux. Organiste de renommée internationale, il avait en effet donné de nombreux concerts pour recueillir les fonds nécessaires à son projet.
La Paix par idéal
La sensibilité d’Albert Schweitzer à la cause de la paix tient tout d’abord sans doute à ses origines. Né quatre ans après la défaite française, il traversera deux guerres mondiales et, comme la plupart des Alsaciens de sa génération, changera plusieurs fois de nationalité.
Mais lui-même est un passeur de frontières, au sens propre comme au figuré : il circule entre Berlin et Paris, cherche toujours ce qui fait la commune humanité de tous les hommes, par-delà les clivages nationaux.
Son pacifisme s’enracine profondément dans sa propre philosophie qu’il se forge peu à peu, et notamment dans son principe éthique du « Respect de la vie ».
Combattant antinucléaire et défenseur de la vie sous toutes ses formes, premier médecin sans frontières, à travers les actes qu’il pose, en Afrique comme en Europe, Albert Schweitzer s’efforce de mettre sa vie en cohérence avec sa pensée. Intellectuel, philosophe, et théologien, il est engagé dans l’action. Cet homme d’esprit est aussi questionné par le mystère du vivant.
Les questions qu’il porte ne sont pas théoriques, mais mises à l’épreuve dans et par un être humain qui s’interroge sur son existence, une personnalité exceptionnelle, mais aussi un homme dont la nature n’est pas si différente du visiteur.
Le Prix Nobel de la Paix
Pour son engagement en faveur des Lambarénois, Albert Schweitzer reçoit le prix Nobel de la paix en 1952 ; reconnaissance d'autant plus méritée qu'il s'engage à présent contre le péril atomique.
Poussé par les savants de l'époque, et notamment par son ami Albert Einstein, il écrit une lettre au président Eisenhower en lui affirmant son désir « de contribuer d'une façon ou d'une autre à la Paix dans ce monde ».
Après un premier « appel à l'humanité » diffusé aux quatre coins du monde, il signe une pétition contre les essais nucléaires adressée à l'ONU puis lance trois nouveaux appels qui seront publiés sous le titre « Paix ou guerre atomique ».
Ce faisant, les Soviétiques, suivis des Américains et des Anglais, annoncent l'arrêt des tests atomiques.
Mais lorsque la France exécute en 1960 ses premiers essais nucléaires, le moratoire prend fin sous la pression des Russes et des Américains qui ne tardent pas à brandir la menace atomique lors de la crise de Cuba.
Schweitzer demande alors au Président Kennedy d'entamer des négociations sur le désarmement nucléaire et l'ONU établit un nouveau traité sur l'arrêt partiel des essais atomiques.
Le Président américain accepte alors l'arrêt des tests nucléaires non souterrains et reçoit une lettre d'Albert Schweitzer lui exprimant sa gratitude et sa joie de voir le monde faire ses « premiers pas sur le chemin de la Paix ».